La fin imminente du mécanisme de l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) au 31 décembre 2025 plonge les entreprises et collectivités françaises dans une incertitude forte sur l’évolution des prix de l’électricité. Alors que les principaux acteurs du secteur énergétique présentent des visions différentes, les entreprises et collectivités doivent déjà anticiper les impacts financiers de cette transition sur leurs stratégies d’achat d’électricité. Voici une analyse des enjeux à venir et des pistes d’action pour les entreprises face à ce contexte incertain.
Les défis d’un marché en transition
L’ARENH a permis aux fournisseurs alternatifs d’accéder à une électricité nucléaire bon marché, à un tarif fixe de 42 €/MWh. Ce mécanisme visait à encourager la concurrence sur le marché de l’électricité tout en assurant une stabilité tarifaire. Cependant, son modèle a montré des limites, notamment avec l’écrêtement, une réduction proportionnelle des volumes disponibles lorsque la demande excède l’offre, ce qui a obligé clients et fournisseurs à se tourner vers des sources plus coûteuses pour compléter leurs besoins, impactant fortement les prix des entreprises et collectivités.
Le remplacement de l’ARENH semblait acté, avec des propositions de taxation des surprofits d’EDF ou de contrats d’approvisionnement à long terme, sans toutefois que ces solutions rencontre l’adhésion des différents acteurs. Les contrats proposés par EDF, par exemple, ont rencontré peu de succès à cause de prix jugés non compétitifs par rapport au marché actuel.
Mais l’équation se complique maintenant avec l’absence de décisions politiques depuis des semaines, les dispositifs post Arenh nécessitant des évolutions réglementaires importantes !
En l’absence de direction claire, les acteurs s’impatientent et leurs visions sont parfois opposées. Ainsi les PDG des géants français de l’énergie EDF et TotalEnergies se sont opposés mardi 10 décembre 2024 sur le post Arenh :
- Patrick Pouyanné, souhaite que l’Arenh soit prolongé « pour deux ou trois ans » pour « donner de la visibilité (…) et rassurer tout le monde (…) en corrigeant les défauts », c’est-à-dire en rehaussant le prix régulé autour des EUR 60-70/MWh, soit le coût de la production nucléaire recalculé par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) lors d’un audit récent.
- Inversement, et sans surprise, Luc Rémont qui pousse la réforme de l’Arenh depuis 2 ans, y est opposé : « Est-ce qu’il faut réguler le secteur électrique ? La réponse est non ».
Impacts pour les entreprises et collectivités
Avec la fin de ce mécanisme, entreprises et collectivités risquent de voir leurs dépenses énergétiques augmenter sensiblement, particulièrement dans un contexte de volatilité des prix liée aux tensions géopolitiques et à la transition énergétique.
De plus, la suppression de l’ARENH va mécaniquement accroître leur exposition aux aléas des marchés de gros. Cela nécessitera une gestion énergétique plus proactive, combinant analyse des prix, négociation de contrats et, potentiellement, investissements dans des solutions comme l’autoconsommation via des installations photovoltaïques ou des systèmes de stockage.
Mais un des principaux risques serait, de façon presque contradictoire, d’attendre que le cadre réglementaire se mette en place pour acheter son électricité post Arenh : un embouteillage se prépare avec de trop nombreux clients qui vont attendre la clarification pour contractualiser 2026.
A court terme, il s’agit donc dès à présent de lancer les consultations pour 2026 pour bénéficier de prix encore attractifs, tout en prévoyant dans les contrats une clause de retour à l’Arenh (quitte à ne pas la déclencher !).