Depuis le 1er novembre 2024, les entreprises et collectivités doivent faire face à une nouvelle hausse du Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité (TURPE). Ce tarif, essentiel au financement de la maintenance et du développement des infrastructures de transport et de distribution d’électricité, connaît des augmentations qui ne font que s’amplifier ces dernières années, affectant directement le budget des entreprises et collectivités. Cet article présente un aperçu des augmentations du TURPE observées depuis quatre ans.
Comprendre le TURPE et les raisons de son augmentation
Le TURPE est un tarif réglementé servant à rémunérer les gestionnaires des réseaux de transport et de distribution d’électricité (principalement RTE et Enedis). Ces gestionnaires de réseau investissent massivement pour assurer l’entretien, la modernisation et la sécurité de l’infrastructure électrique en France. Sous la supervision de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), ces hausses successives visent notamment à répondre aux besoins croissants liés à l’électrification et à la transition énergétique, qui nécessitent des adaptations techniques importantes.
Hausse moyenne de 2 à 4 % par an depuis trois ans
Depuis 2021, le TURPE augmente chaque année, avec des hausses annuelles moyennes allant de 2 % à 5 %.
Ainsi, entre 2021 et 2024, le TURPE a enregistré une augmentation cumulative de plus de 15 %, avec une nette tendance de fond à l’accélération.
Pourquoi une nouvelle hausse en 2024 ?
Pour l’année 2024, la CRE a validé une nouvelle augmentation du TURPE, justifiée par plusieurs facteurs :
- Transition énergétique : La modernisation du réseau pour accueillir des énergies renouvelables décentralisées, comme le solaire et l’éolien, représente un coût important. Les gestionnaires de réseaux doivent effectuer des aménagements techniques pour répondre aux particularités de ces sources d’énergie intermittentes.
- Modernisation et sécurité du réseau : L’entretien des infrastructures devient un enjeu crucial, tout comme leur protection contre les cyberattaques et les risques climatiques. Ces investissements sont indispensables pour garantir un réseau sécurisé et résilient.
- Croissance de l’électrification : La transition vers des modes de transport plus propres, avec l’essor des véhicules électriques, nécessite de renforcer la capacité du réseau. La multiplication des installations de bornes de recharge, entre autres, impose des adaptations du réseau qui s’avèrent coûteuses.
Conséquences pour les entreprises
Les hausses successives du TURPE pèsent lourdement sur les budgets des entreprises, particulièrement pour les secteurs à forte consommation énergétique. Voici les principaux impacts :
- Hausse des coûts opérationnels : L’augmentation du TURPE se traduit par une hausse directe des factures d’électricité, ce qui alourdit les coûts de production. Cette charge supplémentaire peut affecter la rentabilité, surtout dans les industries énergivores (sidérurgie, chimie, etc.), où l’énergie représente une part importante des dépenses opérationnelles.
- Prévision budgétaire plus complexe : Avec la variabilité des hausses du TURPE, la planification des coûts énergétiques devient un exercice plus incertain. Les entreprises doivent ajuster leurs prévisions budgétaires pour intégrer des marges de sécurité, voire adapter leurs stratégies pour se prémunir contre des augmentations imprévues.
- Compétitivité réduite pour certains secteurs : Dans un contexte concurrentiel international, les entreprises françaises peuvent être désavantagées si leurs concurrents, opérant dans des pays avec des coûts d’énergie plus bas, n’ont pas à supporter de telles hausses. Les entreprises exportatrices ou en concurrence avec des produits importés à bas prix peuvent ressentir ce différentiel de compétitivité de manière significative.
Stratégies pour gérer l’impact de la hausse du TURPE
Pour atténuer l’effet de ces hausses sur leur compétitivité et leur rentabilité, les entreprises peuvent envisager plusieurs approches :
- Optimisation énergétique : La réduction de la consommation énergétique via des solutions d’efficacité (éclairage LED, équipements de haute performance, gestion intelligente de la consommation) peut limiter l’impact des hausses du TURPE sur les coûts globaux.
- Autoproduction d’énergie : Investir dans des panneaux solaires pour une production d’électricité en autoconsommation peut réduire la dépendance au réseau et offrir une source d’énergie moins coûteuse, surtout pour les entreprises disposant d’un espace suffisant (toitures d’usines, entrepôts).
- Optimisation des formules tarifaires d’acheminement (FTA) : les prix du TURPE sont relativement différents d’une FTA et dépendent aussi des puissances souscrites : il s’agit de définir très précisément son profil de consommation (l’usage fait de l’électricité consommée) afin de choisir une FTA et souscrire des puissances optimisées. Les gains à réaliser sur le Turpe peuvent être conséquents, de l’ordre de 10 à 15% sur la facture finale !
Alors que les prix de l’énergie connaissent enfin une baisse après plusieurs années de forte volatilité, la hausse du TURPE au 1er novembre 2024 vient atténuer cet allègement attendu pour les entreprises. Les baisses récentes des coûts de l’énergie laissaient espérer un certain répit financier, en particulier pour les secteurs les plus énergivores, mais la nouvelle augmentation du TURPE vient réduire cet avantage, annulant partiellement les bénéfices d’une baisse des tarifs sur les factures d’électricité.
Ce phénomène crée une situation paradoxale où, malgré une tendance positive des prix de l’énergie, les charges globales continuent de peser lourdement sur les entreprises. Les investissements dans la modernisation du réseau électrique et l’intégration des énergies renouvelables se répercutent directement sur les utilisateurs finaux, en particulier les entreprises, et effacent en partie les gains liés à la baisse des coûts de l’électricité.
Pour ceux qui veulent les données du Turpe 24/25 valides à partir du 01/11/2024:
€/kVA/an | €/kVA/an | €/kVA/an | €/kVA/an | €/kVA/an | €/kWh | €/kWh | €/kWh | €/kWh | €/kWh | €/an | €/an | |
CSF P | CSF HPH | CSF HCH | CSF HPB | CSF HCB | CSV P | CSV HPH | CSV HCH | CSV HPB | CSV HCB | CC | CG | |
BTINFCU4 | 9,36 | 9,36 | 9,36 | 9,36 | 9,36 | 0,0696 | 0,0696 | 0,0476 | 0,0148 | 0,0092 | 20,88 | 16,2 |
BTINFCU | 10,44 | 10,44 | 10,44 | 10,44 | 10,44 | 0,0458 | 0,0458 | 0,0458 | 0,0458 | 0,0458 | 20,88 | 16,2 |
BTINFMU4 | 11,04 | 11,04 | 11,04 | 11,04 | 11,04 | 0,0639 | 0,0639 | 0,0443 | 0,0146 | 0,0091 | 20,88 | 16,2 |
BTINFMUDT | 12,72 | 12,72 | 12,72 | 12,72 | 12,72 | 0,0468 | 0,0468 | 0,0331 | 0,0468 | 0,0331 | 20,88 | 16,2 |
BTINFLU | 84,96 | 84,96 | 84,96 | 84,96 | 84,96 | 0,0115 | 0,0115 | 0,0115 | 0,0115 | 0,0115 | 20,88 | 16,2 |
BTSUPCU | 16,44 | 16,44 | 13,7 | 13,28 | 12,92 | 0,0591 | 0,0591 | 0,0453 | 0,0243 | 0,168 | 268,2 | 209,4 |
BTSUPLU | 26,85 | 26,85 | 17,16 | 15,14 | 13,6 | 0,0494 | 0,0494 | 0,0393 | 0,0225 | 0,0138 | 268,2 | 209,4 |
HTACU | 13,12 | 13,12 | 13,12 | 13,12 | 13,12 | 0,0628 | 0,045 | 0,0263 | 0,0076 | 0,005 | 356,28 | 418,68 |
HTACU PM | 13,12 | 13,12 | 13,12 | 13,12 | 13,12 | 0,0748 | 0,0433 | 0,0263 | 0,0076 | 0,005 | 356,28 | 418,68 |
HTALU | 32,01 | 28,89 | 17,28 | 14,1 | 13,17 | 0,0293 | 0,0224 | 0,017 | 0,0065 | 0,0049 | 356,28 | 418,68 |
HTALU PM | 34,79 | 30,78 | 17,28 | 14,1 | 13,17 | 0,034 | 0,0203 | 0,017 | 0,0065 | 0,0049 | 356,28 | 418,68 |
En complément : Tarifs TURPE